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   64th IFLA General Conference
   August 16 - August 21, 1998

 


Code Number: 032-98-F
Division Number: V.
Professional Group: Acquisition and Collection Development
Joint Meeting with: -
Meeting Number: 98.
Simultaneous Interpretation:   Yes

Technique et développement des collections numérisées.
L'exemple de la Bibliothèque nationale de France

Catherine Petit
Bibliothèque nationale de France
Paris, France


Résumé

La numérisation des collections a d'abord été essentiellement une technique, utilisée à différentes fins, -- lecture pour mal-voyants, conservation des documents, puis communication plus générale.

Comme toute nouvelle technologie, sa pratique s'est construite sur les pratiques des technologies précédentes. Nous en arrivons maintenant, au fur et à mesure de son développement, à l'envisager comme un nouveau mode de communication qui a ses propres lois, et qui crée de nouveaux modes de fonctionnement, et donc à s'interroger sur son utilisation, pour quels publics ? avec quels contenus ?
Comment utilisera-t-on la possibilité de travailler en réseau pour cette bibliothèque virtuelle et avec quels objectifs ? L'exhaustivité sur des thèmes ? sur des collections ?

C'est à travers cette thématique que sera présenté l'exemple de la Bibliothèque nationale de France.


Paper

Deux colloques, tenus à Paris à l'initiative de la Bibliothèque Nationale de France, l'un avec les bibliothèques de France, "pôles associés", l'autre avec les bibliothèques nationales occidentales, ont permis de faire le point cette année sur les questions posées par la numérisation. « numérisation », dans ce contexte, sous entend bien sûr le programme des éditeurs, mais aussi et surtout les programmes d'édition des bibliothèques, les questions qui leur sont posées du fait de cette nouvelle possibilité technique, ses incidences sur la production de documents, le plan de développement des collections, et les transformations de lecture qu'elle entraîne.
« numériser » a d'abord représenté une nouvelle technique, une possibilité nouvelle de conservation et de reproduction des textes. Comme tout nouveau medium, il a vécu et s'est développé sur les schémas des media précédents : d'abord utilisée pour la lecture des non-voyants,(en mode image), puis pour la réalisation de CD-ROM,, la numérisation a pris avec le développement d'internet une toute autre dimension, mettant les producteurs et les utilisateurs, -les bibliothèques étant les deux à la fois devant des possibilités tellement nouvelles qu'elle modifie profondément, sinon l'acte de lecture, du moins l'acte de recherche et de travail sur le texte et l'image

LES GRANDS CHANGEMENTS DANS LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE :

Ce sont ces transformations qui vont influencer un plan de développement des collections.
« L'usager », pour utiliser un terme qui évite les problèmes de définition des publics,- qui a un poste internet à sa disposition, chez lui ou dans des lieux collectifs, se trouve devant des possibilités entièrement nouvelles, qui touchent - et modifient d'une manière qu'il nous est encore difficile d'appréhender - son accès au document, son travail sur ce document, et tout simplement sa manière d'apprendre et se cultiver

Les modifications importantes portent sur plusieurs points :

Modification d'accès à la connaissance.

AGIR EN TANT QUE BIBLIOTHEQUE
LE DEVELOPPEMENT DES COLLECTIONS NUMÉRISEES.

Ces profonds changements de la lecture documentaire, dont nous ne vivons encore que les débuts touchent bien sûr de plein fouet le rôle des bibliothèques. Leur, rôle, et non leur existence. Les bibliothèques ne disparaîtront pas, pas plus que les musées en tant qu'institution ou que le livre en tant qu'objet. Le livre restera, il a son utilité et sa pratique, il est par ailleurs impossible de lire un roman sur un écran pour son plaisir. Autrement dit, les modifications fondamentales que nous venons d'évoquer concernent la lecture documentaire, celle qui faisait déjà l'objet au temps où le livre était le seul à exister, d'études particulières de la part des bibliothécaires : le choix, par exemple, de documents comprenant des index fiables, l'existence d'un glossaire, les accès sujets, la pertinence de l'illustration par rapport au texte, l'éducation du lecteur quant au fait qu'il n'était pas obligé de tout lire, toutes sortes de préoccupations qui se retrouvent aussi transposées dans l'élaboration d'un système de consultation. Le texte peut-être littéraire, historique, ou œuvre d'art. Mais toujours pris comme objet d'étude, ou de documentation, en tant qu'unité ou mis en relation avec d'autres qui l'éclairent et le complètent.

Les bibliothèques, elles, vont donc aussi continuer d'exister, mais vont se trouver profondément modifiées.

Les colloques que j'évoquais au début ont fait apparaître de façon commune, une histoire et des questions.

Une histoire qui a commencé un peu partout de la même façon, en France et dans le monde du moins pour les bibliothèques qui ont été les premières à numériser.

Il y eut d'abord "des" numérisations, des programmes un peu divers, dont les critères étaient quelques fois la rareté, ou l'intérêt des thèmes représentés. Puis la conscience est venue que ce qui était entrain de se créer était une bibliothèque virtuelle nationale et/ou internationale et qu'une question de cohérence était posée collectivement.

Ici aussi, il s'agit d'un grand changement dans la pratique des bibliothèques de monde, localement ou de façon internationale, qui est de ressentir le besoin de poser collectivement une réflexion sur un plan de développement des collections numérisées. La Bibliothèque universelle reste une utopie. Pouvoir sur un thème créer à distance, un fonds prestigieux qui rassemble les manuscrits en source primaire, et les éditions critiques principales devient une utopie réalisable, encore faut-il à quelque échelle que ce soit, réfléchir aux publics que l'on souhaite viser et s'accorder sur le programme. Il semble que les bibliothèques en soient à ce stade : se rencontrer pour mieux réfléchir et se coordonner. Certaines, comme la bibliothèque nationale du Portugal, qui ont commencé plus tardivement, ont pu construire un programme collectif au départ. D'autres, sans doute la majorité, ont coordonné des actions de numérisations qui se sont retrouvées dans un objectif commun et les ont complété et enrichi. Toutes, même la plus grande, s'accordent à dire qu'aucun programme de numérisation ne peut être réalisé seul, mais au contraire ne se développe qu'avec des partenariats, soit d'autres institutions, (musées, archives, autres bibliothèques) soit d'éditeurs et de fonds privés, avec les réserves que cela peut comporter en terme d'objectifs et de coûts.

Voilà pour l'histoire : de nombreuses questions demeurent posées à la phase actuelle : Pouvons-nous coordonner à long terme nos actions de numérisation ? Est-ce une mise en valeur coordonnée des fonds existants, ou partirons-nous d'une bibliographie pour effectuer une sélection à l'intérieur d'une thématique ?

Certaines bibliothèques ont déjà répondu à cette question en instituant des comités multipartites , comprenant par exemple des chercheurs ; ou en coordonnant des actions nationales.

Je vais présenter maintenant le programme de numérisation de la Bibliothèque nationale de France.

Il s'inscrit dans l'histoire et dans les questions.

Dans l'histoire, parce que vous le verrez, il présente une phase de conception initiale et un programme de développement qui intègre les évolutions actuelles.

Des questions, parce que la Bibliothèque nationale de France ne prévoit cet actuel développement qu'en liaison avec le programme Biblioteca Universalis pour l'Europe et le G7 dont on va vous parler tout à l'heure, et avec les pôles associés pour la France, c'est à dire avec des bibliothèques régionales ou spécialisées avec lesquelles la Bibliothèque nationale de France entretient, par le biais de conventions, des relations documentaires privilégiées, il s'agit dès lors de penser à une Bibliothèque virtuelle réalisée en commun.

C'est la deuxième phase de son programme, qui commence à répondre à ces questions. Néanmoins, pour conclure sur cette partie, il faut souligner que la technique, que nous avons volontairement laissée de côté interfère toujours sur l'intention de programme. Même si les questions sont maintenant posées en terme de contenus, le résultat final reste souvent influencé par des choix ou des impossibilités techniques. C'est le choix de départ du mode texte ou du mode image, ce sont les contraintes de conservation qui empêchent de numériser tel document ancien, ce sont les diverses questions de format et d'échange.

C'est ainsi que la Bibliothèque nationale de France en particulier, parvenue à sa deuxième phase de numérisation, doit toujours compléter la première, non seulement pour l'enrichir, mais pour éviter qu'elle n'apparaisse incohérente en raison de manques dû à cette technique.

L'historique de la Numérisation à la Bibliothèque nationale de France : (transparents)

Dès le début du projet (1988) il a été question d'une bibliothèque virtuelle. En 1993 le programme est très avancé. Il comprend :

Dans ce programme les disciplines des "pôles d'excellence" (littérature, Sciences humaines) représentent la moitié des collections) et les périodiques 1/4 des fonds numérisés.

L'objectif est à l'origine de communiquer à l'espace "tout public" des documents réservés à l'espace chercheurs.

Le 19è siècle est la période la plus représentée (textes libres de droits) et le 18è avec les philosophes et les textes révolutionnaires. Le 20è siècle ne représente que 18 % en raison des problèmes de droits.

Un fonds d'images est constitué d'illustrations, de manuscrits médiévaux, d'estampes, ou d'œuvres d'auteurs, comme Atget, le photographe.

En 1997, un accord est signé avec les éditeurs pour une consultation possible sur les sites de la Bibliothèque nationale de France.

En octobre 1997, lancement de Gallica, qui met à disposition une partie de ce fonds numérisé libre de droit (essentiellement le 19è siècle) sur les sites et sur Internet, par le Web de la Bibliothèque nationale de France.

Gallica a 3 objectifs. Tester le produit auprès du public, mesurer ses performances, mettre un échantillon à disposition du public (une partie des 87000 volumes, correspondant au 19è siècle).

Les textes sont numérisés en mode image, sauf les sommaires et les tables des matières.

Bilan de l'expérience Gallica 1

Elle a ses propres limites quant aux fonds numérisés. 40 % du fonds est encore soumis à des droits, une partie des corpus n'a pu être constituée en raison de problèmes techniques divers. L'ensemble peut donner une idée un peu "Patchwork" - Pour respecter la lettre et l'esprit du projet, il est nécessaire de compléter la collection qui existe.

De la consultation sur place, il est souhaité de passer à une consultation sur le Web.

De nouvelles orientations sont envisagées alors ensuite pour son développement, qui seraient thématiques et traverseraient tous les fonds de la bibliothèque.

Parmi les futurs thèmes retenus pour une réalisation proche :

Les caractéristiques du programme seront :

A la rentrée, pour l'ouverture du niveau chercheurs Rez-de-jardin, sera présentée Gallica 2 qui ajoutera plus de 2000 textes et un programme de 100 000 images fixes, et au salon du livre de 1999, l'objectif sera de présenter la totalité du fonds libre de droit sur Internet.

En conclusion on peut dire qu'il doit continuer à y avoir un plan de développement global des collections et un plan de développement des collections numérisées, l'un et l'autre, le réel et le virtuel correspondant à des critères et des modes de lecture différents : peut-être se complètent-ils dans certains cas, peut-être divergent-ils ou se recoupent-ils dans d'autres. La profonde transformation du deuxième, outre son caractère virtuel, est qu'il est collectif et non plus local, comme l'est une bibliothèque et qu'il suppose une volonté commune de penser la richesse documentaire au niveau international, pour un plus grand accès de tous.